Rubrique : Ressources documentaires
Catégorie : Documents & témoignages anciens
RETOUR ACCUEIL LE SITE

La Coucou de Flandre ,

histoire d'une volaille régionale ( 3 )


Auteur : R. ADOLPHI


Résumé des pages précédentes :

Après une présentation sommaire des particularités du plumage " coucou" , nous avons vu comment , en réponse à un éditorial paru dans la revue " Chasse et Pêche " qui déplorait la disparition de l'ancien coucou qui avait servi à créer le coucou de Malines , E-H LABBE retraçait les conditions dans lesquelles il avait créé la Coucou des Flandres.
E.LABBE avait voulu sortir une race par sélection des nombreuses " poules grises " qui peuplaient presque toutes les fermes de sa région. En Belgique cette volaille existait déjà , et était appelée " coucou de Malines ". Mais , croisée avec les grandes races asiatiques , elle fut complètement transformée.
On donna alors à l'ancien type , quasiment disparu , le nom de " poulet de Bruxelles ".
En fixant la Coucou de Flandres , E.LABBE remarque déjà les particularités des coucous , et notamment le fait que les coqs sont naturellement plus clairs que les poules...



Monographie des races de poules , V. La Perre de Roo - Ed. 1892 , page 55

" Race Coucou de Bretagne

Décrite par tous les auteurs , cette race , l'une des plus anciennes de la France , très répandue en Normandie , en Belgique et en Angleterre , est caractérisée par son bec et par ses pattes d'un blanc rosé , et par son plumage coucou d'un bout à l'autre , c'est à dire que chaque plume porte sur fond gris bleu clair des bandes transversales d'un bleu ardoisé foncé , plus ou moins nombreuses selon la longueur de la plume
Le coq est entièrement de couleur coucou , son camail et ses lancettes prenant une teinte un peu plus claire à reflets argentins , et la marqueterie affecte plutôt celle d'un pointillage..."
La poule est uniformément de couleur coucou d'un bout à l'autre , sans teintes jaune paille sur le camail...
Il en existe deux variétés qui ne diffèrent entre elles que par la crête qui est frisée chez les deux sexes de l'une ; simple et droite et extrêmement développée chez les deux sexes de l'autre.
Les deux variétés sont depuis longtemps fixées et transmettent leurs caractères à leur descendance avec une remarquable exactitude. La race est très rustique , précoce , vagabonde , aime à chercher sa nourriture dans les champs et à fouiller le sol , comme toutes les poules communes. La poule est bonne pondeuse , donne de très beaux oeufs et a peu de propension à la couvaison..."



Où l'on prend connaissance d'une nouvelle réponse ...
L'ancien coucou de Malines
( Hebdomadaire Chasse & Pêche , n° 23 du 8 mars 1891 )

" Monsieur le Rédacteur,
J'ai lu avec le plus vif intérêt la lettre de M. Labbe, de Lompret (Nord), reproduite dans le n° 22 de Chasse et Pèche, page 217.
Comme votre correspondant de Lompret , je m'occupe d'une façon toute spéciale de la race de poules coucou à pattes blanches et lisses. Cette poule coucou, employée dans la fabrication du coucou de Malines , je l'appelle, moi, coucou de Rennes, parce que cette dénomination lui est plus généralement reconnue et aussi parce que je l'ai obtenue en me servant de volailles coucou achetées dans les fermes des environs de Rennes.
Au fond, la coucou de Rennes est absolument la même que la coucou de Flandre ; les différences de détail, si toutefois elles existent, sont à peu prés insignifiantes et ne sauraient être que le fait de l'éleveur. "
" C'est encore cette mème variété de poule commune à plumage coucou, variété qui se retrouve un peu partout, que les Anglais ont sélectionnée dans le type élancé et qu'ils ont appelée Scotch-Grey. Quel que soit le nom, les qualités sont absolument les mémes, et le certificat élogieux que M. Labbe décerne à la coucou de Flandre s'applique du même coup à la Scotch-Grey et à la coucou de Rennes. Toutes trois sont des races éminemment pratiques.
Le point sur lequel nous différons absolument d'avis, M. Labbe et moi, est la couleur du coq. Votre honorable correspondant le veut de teinte claire; je crois, pour ma part, qu'il doit être foncé et de même couleur que les poules. Je suis du reste, soutenu dans mon opinion par les décisions des jurys de Lille, Paris et Anvers.
Comme oiseaux d'exposition, les coqs foncés gagnent beaucoup, surtout lorsque les coquelets et les poulettes concourent ensemble, comme à Lille. Les foncés sont incomparablement plus jolis que les clairs, et, en tant que bêtes de produit, ils ne perdent absolument rien, un coq foncé valant de tous points un coq clair .
Je comprendrais parfaitement le coq clair, mais avec des poules de mème teinte. Rien de plus facile à obtenir par la sélection , c'est du moins par la sélection qu'on obtient, et très rapidement, les coqs foncés. Il suffit de faire éclore une centaine de poussins provenant de poules foncées et de coqs clairs; sur le nombre, il se trouvera certainement plusieurs coqs foncés. C'est de cette façon que j'ai obtenu les miens et j'affirme n'avoir jamais recours à aucun croisement.
Ce qui choque d'ailleurs en l'espèce, ce n'est pas telle teinte déterminée, c'est l'association chez une mème race le mâle et la femelle ayant mème dessin dans le plumage , de deux teintes dissemblables, teinte foncée chez la poule, teinte claire chez le coq. Je comprends sans difficulté que le juge, dans une exposition avicole, tienne compte pour une très large part de la manière plus ou moins heureuse dont les lots sont assortis. En rendant son arrêt, il a en vue avant et par-dessus tout les caractères spécifiques de chaque race et variété. Il arrive ainsi souvent, tout le monde le reconnaît, que la beauté et les qualités extérieures se trouvent primées aux dépens de caractères moraux , si je puis ainsi parler. Mais c'est là un mal nécessaire ; et si le juge, pour éclairer sa religion, cherchait à s'appuyer sur les caractères moraux de chaque sujet considéré individuellement , plutôt que sur ses qualités extérieures, les expositions de volailles de race risqueraient fort de sombrer dans le plus inextricable chaos.
Votre honorable correspondant, dont j'ai admiré les produits à plusieurs concours, ne m'en voudra pas de publier les quelques réflexions que m'a suggérées sa très intéressante lettre . Ces réflexions n'ont qu'un but : l'éclaircissement de points de détail encore litigieux, éclaircissement qui ne pourrait que contribuer à la fixation et à la vulgarisation d'une bonne race, que tous deux nous avons à cœur de faire connaître et progresser.
Avec mes remerciements pour l'insertion de cette lettre, je vous prie d'agréer, M. le Rédacteur, l'assurance de ma considération très distinguée.
E. RAME ,
à Nouvoitou , près Rennes ( Ille-et- Vilaine) "


Le débat fut donc lancé , à propos de la nuance du plumage du coq coucou par rapport à celui de la poule ; avec le recul et les connaissances actuelles on admirera la clairvoyance de l'un et regrettera l'ignorance de l'autre ...



PAGE SUIVANTE Histoire de la Coucou de Flandre (4)
PAGE PRECEDENTE Histoire de la Coucou de Flandre (2)