Rubrique : Ressources documentaires
Catégorie : Documents & témoignages anciens
RETOUR ACCUEIL LE SITE

La Coucou de Flandre ,

histoire d'une volaille régionale ( 6 )


Auteur : R. ADOLPHI


La Coucou de Flandre au patrimoine avicole de la région du Nord

Dans les années 1910 - 1920 il n'est pas rare de rencontrer la Coucou de Flandre dans des expositions du Nord de la France et aussi en Belgique , comme en témoignent de nombreux articles du journal Chasse et Pêche de l'époque. En Belgique elle est souvent appelée " coucou de Malines type ancien " , ou " type primitif ". Certains spécialistes belges contestent à A. Detroy plusieurs spécificités du standard comme la couleur des oreillons , ou celle des oeufs. Ces divergences n'iront jamais bien loin.
En France , avec l'appui de Robert Fontaine , Président des Aviculteurs du Nord , A. DETROY s'attache à diffuser sa volaille.
Dans " Chasse et Pêche " , il publiera , sur une longue période , plusieurs monographies de la Coucou de Flandre. Peu à peu le standard évoluera vers une volaille plus légère , assez bonne pondeuse , excellente couveuse , et toujours avec les particularités des coucous que E. LABBE avait notées il y a bien longtemps.




Chasse et Pêche. N° 7. 11 Novembre 1911.
Monographie de la " poule coucou de Flandre " par A.Detroy

Cet article est pratiquement identique en tous points , par rapport à celui publié en 1900.
Chasse et Pêche. N° 24. 15 Mars 1913.
Coq et poule Coucou de Malines , type primitif
Photo ci-contre
Il s'agit bien d'un couple Coucou de Flandre ; on peut noter la forme caractéristique de la poule et les oreillons blancs chez le coq.

Les particularités notées par E. LABBE évoquées plus haut , on en parle beaucoup dans " Chasse et Pêche " en 1924 ; cela donne à ce dernier l'occasion de reparler du temps où il sélectionna le premier la Coucou de Flandre et de rappeler les observations importantes qu'il avait notées dans ses premières communications...

Chasse et Pêche , N° 24 du 9 novembre 1924 Pages 630 & 632
" LA COULEUR COUCOU
Notre excellent confrère M. LABBE , un des plus anciens et des plus érudits aviculteurs , nous envoie la très intéressante correspondance ci-après , relative à la couleur coucou , question que nous avons soulevée incidemment.
Nos lecteurs pourront ainsi recueillir le fruit d'une grande expérience , qui sera un jalon posé pour la solution de cette question de la couleur coucou , beaucoup plus importante qu'elle ne paraît à première vue.
Que l'on se rapporte à l'article paru dans notre dernier numéro et qui était depuis longtemps sur le marbre , et l'on verra que cette question , par sa portée pratique , mérite une étude approfondie.
Que nos lecteurs imitent le geste de M. LABBE , qui , de si loin , nous tend la main et nous éclaire de son expérience , et nous donnent à leur tour , leurs idées , leurs impressions et leurs connaissances.

Tunis, le 16 octobre 1924.

Cher Monsieur Pulinckx ,

Dans votre article sur l'exposition de Landerzeel, vous abordez la question de la couleur de la Malines, notamment celle de la différence de nuance entre les coqs et les poules, et vous demandez à ceux qui ont eu l'occasion de s'occuper de la question de vous faire connaître leurs observations.
Je ne sais si vous avez reçu la lettre que je vous ai envoyée, il y a déjà plusieurs mois, au sujet de la coucou de Flandre ou des Flandres ( car, dans le service international, la perte des lettres se produit quelquefois). Je vous y faisais allusion à cette question de la différence de nuance entre les coqs et les poules coucous.
Je vous renvoyais à une lettre que j'avais écrite à Chasse et Pêche, il y a déjà bien longtemps. Vous la trouverez dans le numéro du l er mars 1891 ( 9e année, n° 22, P. 217 ), où j'expliquais comment, sélectionnant le premier la coucou de Flandre ( à laquelle j'ai donné son nom), j'ai eu à lutter contre la tendance des coqs à être d'un plumage très clair, alors que les poules avaient le plumage foncé. La lettre était suivie de quelques réflexions très justes du regretté Louis Van der Snickt.
Evidemment, la coucou de Flandre est l'ancêtre de la Malines, et c'est elle qui a fourni la couleur à cette dernière. La question de la nuance se pose donc très certainement de la même façon pour les deux. Or, j'ai eu beau faire, par sélection, je n'ai pas pu parvenir foncer les coqs, et je suis convaincu que, pour y arriver, il faudrait absolument se servir de poules noires d'une autre race. Il est à remarquer que, si mes poules ont toujours été très foncées, je n'en ai jamais eu de noires, non seulement pas d'un beau noir brillant, mais même d'un noir mal teint.
Or, il parait que, dans les races coucous, on obtient assez souvent des poules noires. Pourquoi ? Parce qu'on s'est servi de noir pour foncer le coucou et que le noir ressort par atavisme.
Il est vrai que les éleveurs de Padoue coucou ont souvent obtenu des poules noires et pas de coqs. Mais les coucous n'avaient-ils pas eu une infusion de sang hollandais noir ou de Crèvecoeur ?
Je n'ai rien à ajouter à ce que j'écrivais autrefois, si ce n'est que la Société des Aviculteurs du Nord, à la suite de mes observations, a accepté la différence de nuance, tandis que les éleveurs de coucous de Rennes, se rangeant à l'avis du docteur Ramé, ont exigé la même nuance chez les cops que chez les poules. Mais le docteur Ramé reconnaît lui-même ( Toutes les poules, page 132, bas de la 2' colonne et début de la page 133 ) qu'en acceptant le mâle sensiblement plus clair que la femelle et " en renonçant à lutter contre une tendance naturelle " , nous sommes restés plus près du type primitif.
Le tout est de savoir si, en luttant contre une tendance naturelle à une race, on ne risque pas de modifier la race et de lui faire perdre certaines de ses qualités, surtout si, pour vaincre la résistance, on se sert, comme on aurait pu le faire pour la coucou de Flandre, de l'arme à plusieurs tranchants que constitue le croisement.
Veuillez agréer , je vous prie , cher Monsieur Pulinckx , avec le voeu que je forme de vous serrer la main d'ici peu dans les concours de France et de Belgique , l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

LABBE.



Un commentaire sur la lettre de E. LABBE :
On a peine à réaliser que ces propos ont été écrits il y a si longtemps , tellement ils sont empreints de clairvoyance et de réalisme au regard des connaissances de l' époque. Toutes ces affirmations sont aujourd'hui confirmées par les lois de la génétique.
Monsieur LABBE était sans conteste un éminent aviculteur , c'est le moindre des hommages qu'il mérite aujourd'hui.

Photo ci-contre :
Coq & poule Coucou des Flandres - Gravure ancienne
Source : Brandt - Willems , Traité d'Aviculture Sportive

PAGE SUIVANTE Histoire de la Coucou de Flandre ( 7 - fin )
PAGE PRECEDENTE Histoire de la Coucou de Flandre (5)