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LE RINGSLAGER
Chasse et Pêche du 15 Juillet 1888
Les Ringslagers
Cette intéressante race de pigeons est originaire des Flandres où ,il y a une quarantaine d'années ,on s'occupait encore
avec soin de son élevage. Il est regrettable que depuis lors , elle a été plus ou moins délaissée car c'est une des plus
vieilles races indigènes que l'on connaisse, On retrouve le Ringslager dans nos fermes, mais le plus souvent croisé avec
le boulant ou le biset. Cependant, dans le pays d'Alost, quelques amateurs possèdent encore les vrais types.
Le Ringslager a la taille du boulant indigène; il a le corps moins effilé et est plus court sur pattes. Ces pattes sont
tantôt lisses ,d'un rouge vif, tantôt emplumées , surtout chez les rouges et les chamois, Les nuances sont : rouge, chamois,
gris-meunier, bleu noir. Ce pigeon a la tête garnie d'une huppe terminée en pointe et descendant en crinière jusqu'à la
naissance du dos. Tous doivent avoir une bavette blanche en forme de croissant. Le vol, la queue et le ventre jusqu'à la
naissance des cuisses sont blancs. Chez les gris-meunier, les bleus et les noirs , la queue est de la couleur correspondante
aux ailes; tous ont les ailes barrées. Seulement chez les rouges et les chamois on ne voit les barres qu'après minutieux
examen. Ils ont l' œil d'un rouge vif ou jaune: c'est un pigeon vigoureux et très reproducteur; pendant le courant d'une
saison il élève sept à huit couples de jeunes dont la chair est supérieure à celle des jeunes boulants ou même des pigeons
voyageurs.
La spécialité des Ringslagers consiste à battre ailes et à voler en ronds autour de sa femelle.
Ce claquement des ailes se produit si souvent qu'avant la mue il ne reste plus aux mâles que les quilles dégarnies de barbes
des grandes plumes du vol. Jamais ce pigeon ne descendra d'un toit sans faire entendre au moins deux claquements. Quand le
Ringslager voit sa femelle ou une autre ,en un saut il s'élève à un pied au-dessus de sa tête, et décrit alors autour d'elle
jusqu'à six ou sept cercles en conservant toujours la même hauteur. Ce pigeon est si excitable et si hardi , qu'il suffit de
prendre en main sa femelle pour lui voir recommencer ce même exercice et se poser sur l'épaule de celui qui l'agace.
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Autrefois, il y avait des concours de Ringslagers . Dans le local choisi ,les spectateurs se plaçaient de façon à
former un cercle au milieu duquel on laissait courir la femelle. Alors le mâle était lâché à son tour et l'on
comptait combien de cercles il décrivait au-dessus d'elle. Il va sans dire que le mâle ayant décrit le plus grand
nombre de cercles était le vainqueur. Si le soir on va au pigeonnier avec une lanterne, les mâles s'y mettent à
voler autour des femelles comme s'il faisait jour.
La pureté de la race se reconnaît beaucoup plus aux allures q u'aux formes extérieures; aussi n'est il généralement
pas rendu justice â ces pigeons aux expositions. Entre autres, à la dernière exposition d'aviculture de Bruxelles,
les Ringslagers ont passé complètement inaperçus; pourtant il y avait là deux collections superbes et il a fallu
bien des années à ceux qui ont exposé ces pigeons pour les former.
Ces pigeons élèvent leurs jeunes avec une sollicitude et un dévouement inouïs, ils les défendent même contre les
chats qu'ils repoussent â coups d'aile et à coups de bec. Ils aiment à nicher dans les coins perdus des étables et
des écuries et y font leurs nids eux-mêmes .Ils aiment aussi à s'établir dans les colombiers accrochés aux murs ou
placés sur une perche. Ces pigeons recherchent les animaux domestiques et vont dans les crêches manger l'avoine
avec les chevaux, ils vont aussi aux champs. Nous ne pouvons assez recommander l'élève de ces pigeons dans fermes
qu'ils animent et égaient par leurs joyeux ébats et leurs claquements d'ailes, sans compter leurs qualités
prolifiques. De même que la poule de Brakel , ils sont de vieille race indigène.
Souvenons-nous que, sous peine d'être honnis par nos arrière-petits-fils ou nos arrière-petits-neveux, nous n'avons
pas le droit de laisser se perdre les races d'animaux de vieille date appropriés à notre sol, à notre manière de
vivre et de les voir remplacer par des races qui nous sont envoyées de l'étranger dont nous resterons forcément
tributaires dans l'avenir. Importons le moins possible, il dépend de nous seuls de devenir exportateurs.
Les renseignements qui précèdent nous ont été fournis par M. d'Outreligne, d'Alost, chez lequel nous avons été prendre
d'après nature les pigeons reproduits sur la planche coloriée accompagnant le présent numéro.
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Le pigeon SPEELDERKE
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